Quand une crise du logement sans précédent depuis plus d’une décennie aggrave une grande misère sociale, d’aucuns pourraient baisser les bras, cherchant dans la fatalité les raisons de leur démission. Ce n’est pas le cas de l’Entraide Protestante de Toulouse.
Pour l’Entraide Protestante, la priorité c’est l’hébergement.. Comme l’explique Jacqueline Lescombes, membre du conseil d’administration, cela concerne les gens privés de logement, qu’il faut, au sens propre comme au figuré, « mettre à l’abri ».
L’Allocation Logement Temporaire (ALT) ainsi que les subventions de la DDASS financent des nuits d’hôtel pour des femmes seules ou des couples avec enfants. Depuis peu, cependant, les orientations de la DDASS sont de financer ce type d’hébergement uniquement dans la « perspective immédiate de solution plus digne ». On peut se féliciter de l’intention mais dans les faits, cela revient à appliquer les mesures annoncées de limitation des personnes reçues. Si elle veut accueillir de nouveaux arrivants, l’Entraide devra le faire sur ses fonds propres.
Ces personnes sont orientées par les services sociaux du Conseil général (CMS), le Pôle d’Accueil d’Information et d’Orientation (PAIO) et l’Association pour l’Information et l’Accueil des Femmes (APIAF) ainsi que d’autres services spécialisés dans l’accueil d’urgence. A l’origine, ces dispositifs de dépannage ne devaient être que transitoire mais aujourd’hui, comme l’explique Jacqueline Lescombes, « on constate que les ménages restent de plus en plus longtemps. Plusieurs raisons à cela : les structures d’hébergement sont saturées et le marché de l’immobilier rend l’accès au logement très difficile. »
L’Entraide protestante gère 9 appartements en ALT et 1 appartement collectif ou partagé. Ce type d’hébergement a une durée de 6 mois, est renouvelable une fois et permet à des ménages de retrouver une dynamique d’insertion puisque, aussi bien dans la recherche d’emploi que de logement autonome, ils disposent de conditions de vie décentes. Evidemment, face à la situation actuelle, l’Entraide souhaiterait accroître son parc de logements.
Mais elle se heurte aux réticences des bailleurs vis à vis des associations. Ils refusent souvent de rencontrer les locataires éventuels. Certains déclinent même l’avance des frais d’accès au logement prévue par le Fonds de Solidarité au Logement (FSL [1]). « C’est pourquoi, reprend Jacqueline Lescombes, on recherche aujourd’hui des propriétaires qui acceptent le principe du “bail glissant”. Pendant 6 mois renouvelables, l’Entraide est considérée comme le locataire. Elle installe une famille et garantit l’ensemble des engagements tels que l’état des lieux, le paiement du loyer, les charges… Puis, quand le locataire est en mesure de s’en acquitter seul, lorsqu’il a retrouvé un emploi, le bail “glisse” à son nom ».
Comment ne pas s’indigner lorsqu’on voit, dans le quartier du Mirail, des barres fermées depuis deux ans dans le cadre du GPV (quand des barres mitoyennes dans le même état sont encore habitées), alors qu’on aurait pu les utiliser pour satisfaire les demandes d’urgence qui se multiplient et saturent les associations qui s’en occupent.