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Mort d’un grand résistant

Article proposé le mardi 28 août 2007, par Dominique Dath


Jean-Pierre Vernant est mort au début de l’année 2007, au terme d’une vie exigeante de philosophe et d’helléniste reconnu. Mais avant de mener cette longue et riche carrière intellectuelle, Vernant fut un des chefs de la résistance toulousaine qui libéra, sous le pseudonyme de « colonel Berthier », la ville rose le 19 août 1944.

Lors des cérémonies commémorant le 40ème anniversaire de la libération de Toulouse, Vernant s’était interrogé sur les motivations qui avaient poussé des jeunes gens, parfois très jeunes, à risquer leur vie au nom d’un idéal de résistance. Dans son livre « La traversée des frontières », il revenait sur ce thème à travers son passé de résistant et son travail d’historien. « Un vieux monsieur qui a toujours vécu à l’ombre des bibliothèques, dans l’odeur des vieux livres, n’a pas, quand il lit, le même moi qu’un homme qui, au temps de sa jeunesse a passé quatre ans dans la Résistance. Où est le lien ? […] »

« Il y avait d’abord en effet la jeunesse. Il y a des gens qui meurent dans la Résistance, qui meurent à la guerre. Et la guerre pour moi c’était la Résistance. Ce sont des jeunes et quand on s’en sort, il y a toujours ce sentiment de culpabilité, la faute d’être encore là. En 1940 j’avais 26 ans. Beaucoup de ceux que j’ai connus alors avaient cet âge ou moins encore. Certains n’avaient que 17 ans, d’anciens élèves qui ont été fusillés massacrés. »

« On se sent coupable. Qu’ai-je fait de mal pour m’en être tiré ? Et ceux qui sont tombés, pourquoi ? […] on faisait face à une situation qui excluait à nos yeux tout compromis, toute échappatoire. C’était le tout ou rien. Pas d’accommodement, de demi-mesure, de double jeu. D’emblée, sans même avoir le sentiment de faire un choix on se retrouvait jeté au premier rang. »

Derrière cet esprit de résistance qu’exprime Vernant, il y a un idéal collectif, celui du parti communiste de l’entre deux guerres qui croit et aspire à une société meilleure, plus juste, plus fraternelle. C’est l’idée qui anime d’autres grands résistants comme Jorge Semprun ou Germaine Tillion. La participation aux mouvements de résistance est plus qu’une étape de leur vie : elle constitue une colonne vertébrale politique qui détermine leurs choix futurs.

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