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Jérusalem, à côté du mur

Article proposé le samedi 22 décembre 2007, par Odile Delorme


Depuis trois ans Odile, bénévole à To7, part régulièrement prêter main forte au « Home Notre Dame des douleurs », une maison de retraite gérée par une congrégation religieuse dont le siège est à Tarbes. Cette maison est située à Jérusalem Est en quartier arabe au pied du mur « de sécurité » érigé par l’Etat d’Israël. Odile nous décrit la vie quotidienne des Palestiniens à l’ombre du mur.

En 2004, le mur de sécurité a coupé en deux le petit village d’Abu Dis isolant les résidents et entraînant la mort du quartier. De l’autre côté du mur de 9 mètres de haut, il y a le gros bourg de Béthanie et pour beaucoup la famille.

Les 2/3 des 48 personnes âgées accueillies dans le Home sont originaires de Cisjordanie et ne bénéficient d’aucune protection sociale. La participation des familles aux frais de fonctionnement du home est de plus en plus faible à cause de la situation économique. Une majorité d’entre elles est totalement prise en charge par la maison.

Ici, le soleil se couche vers 7 heures et la nuit tombe très vite. Le soir nous dînons sur la terrasse d’où nous voyons tous les feux du mont des oliviers et de Jérusalem. Le vert des minarets, les lumières des maisons,des rues et très souvent, les feux d’artifice qui explosent en éclaboussures multicolores avec les chants et la musique annonçant un mariage.

Et puis c’est l’appel à la prière à 20h et à nouveau à 20h 30 (21h… 4h du matin …) c’est à la fois une rumeur cacophonique et une polyphonie saisissante à cause du vent et des collines qui font se répondre et tournoyer les chants dans l’air.

La majorité des pensionnaires (âgés de 65 à 97 ans) est d’origine palestinienne ou jordanienne, de langue arabe, dont les proches sont de l’autre côté du mur ou partis à l’étranger. Solitude et dénuement que la vie du Home tente d’adoucir.

A l’ombre du mur et de l’armée

Depuis 2004 et ma première visite j’ai vu le mur changer. Aujourd’hui la vie se normalise à l’ombre de cette laideur de béton hermétiquement close. Notre quartier est devenu trop calme, avec une présence permanente de soldats qui protègent les habituels colons prédateurs des terres, dont les Palestiniens ont été expulsés à cause de la construction du mur.

Les événements dramatiques de Gaza changent peu notre vie à l’exception de mesures de sécurité démonstratives en particulier le vendredi, jour de prière à la grande mosquée : la vieille ville est bouclée et nous qui sommes à l’Est en quartier arabe n’avons plus que la marche pour nous déplacer.

On ne peut vivre quelque temps ici sans acquérir la conviction que les dispositifs mis en place pour empêcher les attentats font partie de la stratégie de colonisation rampante : il faut rendre la vie impossible pour rester maître du terrain. Beaucoup de checks-points ont ce seul objectif.

Les trajets les plus courts entre deux villes sont augmentés de une à deux heures à cause des passages de barrage avec toujours le même processus : file d’attente dans des couloirs grillagés, prise de photo et d’empreintes pour tous les Palestiniens, vérification de papiers, retenue arbitraire…

Une de mes dernières visites a été Hébron, « El Khalil » (celui qui parle avec Dieu), la ville où sont les tombes d’Abraham et de Sarah dans la mosquée coupée en deux parties (et très surveillée) pour être lieu de prière pour les musulmans et les juifs. La particularité d’Hébron réside dans la présence de quelques familles de colons juifs extrémistes, implantées dans le cœur de la ville au milieu des maisons palestiniennes et avec l’objectif patent de leur rendre la vie impossible pour occuper le terrain.

Chaque famille de colons nécessite la présence de l’armée qui établit des barrages quand elle ne coupe pas la rue définitivement. Certaines rues ont un ciel de grillage pour arrêter les pavés, détritus ou projectiles que les colons juifs lancent sur leurs voisins palestiniens.

Au quotidien la vie peut être un enfer, les enfants passent les checks-points pour aller en classe, et à certains endroits c’est la mission d’engagés internationaux que de les accompagner à l’école pour leur éviter brimades et menaces.

Alors en dépit des murs, être présente aux côtés de ceux qui souffrent, c’est une façon de dire la solidarité et le refus de l’injustice avec le souci de témoigner et l’exigence de le faire sans parti pris.

Odile sera l’invitée d’un débat sur Jérusalem à To7 en février 2008}

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