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Débat sur les quartiers populaires entre les candidats à la Maison de quartier de Bagatelle

Article proposé le mercredi 5 mars 2008, par Dominique Dath


Le mardi 6 février, les 4 principaux candidats aux élections municipales intervenaient à la Maison de quartier pour présenter leurs propositions et débattre autour de 4 thèmes : le logement, l’éducation, l’emploi et la sécurité. Nous avons tenté de retranscrire l’essentiel de leurs propos en nous excusant à l’avance pour les imperfections de l’exercice.

Pierre Cohen est intervenu le premier :

Logement : Il y des difficultés liées à l’urbanisme. Mais au lieu de traiter la question de l’urbanisme, on stigmatise les personnes. A partir de ce constat, comment insuffler une dynamique pour résoudre les difficultés de toutes ces personnes concentrées au même endroit ? On ne règle pas les problèmes par les destructions-reconstructions d’autant que ces destructions-reconstructions sont en panne. Aujourd’hui, on fait des propositions de relogement, mais les gens concernés ne peuvent y faire face et de plus doivent quitter leur quartier, l’endroit où ils ont construit leur vie avec des voisins, des amis. Quand Jean-Luc Moudenc parle d’ « humaniser » le GPV, cela prouve qu’il n’a pas tenu compte de l’attente des gens qui sont dans ces quartiers. Il y a nécessité d’un Plan Marshall social et économique pour les quartiers qui mette en cohérence tous les services et toutes les associations, qui rompe l’isolement. Il y a des instituteurs qui pensent qu’ils sont les derniers bastions dans les quartiers. Il y a des assistantes sociales et des travailleurs sociaux qui se sentent seuls face aux grandes difficultés. Les associations sont parfois désespérées ou à bout de souffle. Il y a des enfants en difficulté scolaire qui ont besoin d’accompagnement et qui ne bénéficient pas d’un logement adapté pour pouvoir travailler, s’épanouir, vivre correctement. C’est là notre défi : répondre aux besoins des habitants dans la cohérence d’un plan d’ensemble et non pas imposer une solution technocratique.

Education : Dans le domaine de l’éducation, il faut renforcer la notion d’accompagnement. Aujourd’hui, il faut accompagner les enfants et aider les parents en terme de réussite éducative, mais aussi en terme de culture, d’accès au sport et de loisirs.

Emploi : La notion de ZFU est un leurre, c’est un dispositif extrêmement ambigu. La plupart du temps, le dispositif ne bénéficie qu’aux aux entreprises et il n’y a pas eu d’évaluation du dispositif, aussi bien à l’Assemblée Nationale qu’au niveau local en terme d’aide à l’emploi des gens des quartiers. Aujourd’hui, les ZFU sont des zones où un certain nombre d’entreprises bénéficient d’effets d’aubaine. Bien sûr, certaines entreprises jouent le jeu, mais il n’y a pas eu de volonté de mobiliser les acteurs économiques, notamment en direction des jeunes. Aujourd’hui, l’ascenseur social ne fonctionne pas et les jeunes ont bien compris que si on leur propose uniquement l’école pour s’en sortir, ils arrivent à la fin dans une impasse. Et çà, ils le refusent.

Sécurité : Il est fondamental de considérer que dans les quartiers victimes d’insécurité, il faut des réponses adaptées entre sanction et prévention. Les lois Sarkozy sont une impasse en ne prévoyant que le volet de la répression. Aujourd’hui, un travail de prévention est nécessaire. Le véritable problème est celui de la violence qui se banalise partout.

Jean-Luc Moudenc :

Logement : Nous avons dans le quartier un Grand Projet de Ville. Ce GPV est le plus grand de France. Il est essentiellement urbain, c’est-à-dire qu’il vise à améliorer le logement, à la fois par des démolitions correspondant à des formes d’habitat assez inhumaine, la construction sur place de nouveaux logements et la diversification des logements. Le GPV urbain, c’est également l’aménagement d’espaces publics, c’est également des rénovations et des résidentialisations de logements, c’est également un renforcement considérable des bâtiments publics. Le GPV qui engage la Mairie de Toulouse et les autres partenaires doit être mené à son terme, parce qu’il est porteur d’une amélioration des conditions de vivre et de se loger. Pour autant, je considère qu’il faut mettre en place un autre GPV à caractère humain. Il s’agit moins de s’attacher au bâti, à l’espace qu’aux personnes et aux familles. Je rappelle qu’à Toulouse 75% de l’habitat social est en ville. C’est un choix historique.

Education : Elle est une des clés de l’insertion dans la vie sociale et professionnelle. Nous croyons beaucoup au soutien scolaire, à la réussite éducative, la mise en commun de tous les acteurs de la vie sociale au quotidien, pour faire en sorte que le jeune qui n’a pas la chance d’être dans une famille stable, qui est dans un foyer monoparental, qui parfois a des parents qui ne maîtrisent pas totalement la langue, soit soutenu de la maternelle aux portes du lycée pour lui donner plus de chances de s’insérer dans la vie professionnelle et dans la vie tout court. Et qu’en même temps, par une coopération de tous, on soutienne la famille en mettant en relation la Mairie de Toulouse, la CAF, le Conseil Général pour l’action sociale, la Région pour la formation qui est une des clés d’entrée dans la vie professionnelle et tout ce qui est le soutien à caractère médical, la présence des services publics de santé dans les quartiers. Il faut également mobiliser l’éducation nationale, mettre en place une véritable stratégie de soutien. Il faut écrire ensemble un GPV humain

Emploi : Nous avons mis en place une ZFU. Le résultat a été contrôlé par les services fiscaux. 3000 emplois ont été créés sur la ZFU, dont 35% bénéficient aux personnes des quartiers. La ZFU est un dispositif, une réponse qui continue à monter en puissance avec de nouvelles créations de bureaux. Un autre projet est également en cours avec la Maison de l’emploi. Des dispositifs aujourd’hui dispersés, les ASSEDIC, le PLIE, la mission ZFU seront mis en synergie. Le Canceropôle qui s’annonce doit aussi profiter aux habitants du quartier (4000 emplois doivent être créés)

Sécurité : Il faut clairement prendre partie pour les victimes. Le Maire ne commande pas la Police nationale, ni la justice, mais il est acteur de prévention. S’agissant de la police, je suis partisan d’un renforcement des effectifs de police à Toulouse.

Jean-Luc Forget :

Sécurité : Le problème de la délinquance n’est pas spécifiquement celui du maire, mais il est concerné par la sécurité de la cité. Sur la question des violences urbaines, ces quartiers sont dramatiquement stigmatisés, alors que des personnes y travaillent. La sécurité, c’est aussi la protection des personnes qui habitent ces quartiers populaires, compliqués. Il ne faut jamais transiger avec la règle, parce que la règle protège. La police doit intervenir dans ces quartiers, mais elle ne doit pas être caricaturale. Il y a des manières de faire. Une municipalité doit inciter l’Etat à former les agents aux réalités auxquelles on ne peut pas répondre strictement par une communication qui n’en est pas une. Cela fait partie du fossé qui se créé entre des gens qui ont besoin d’être protégés et ceux qui sont chargés de cette protection. Il faudra aussi faire en sorte de rapprocher les services de police, de manière à ce que la police intervienne dans la proximité.

Logement : La mixité sociale est nécessaire. Il faut permettre aux gens qui voient leurs barres tomber, c’est-à-dire leur logement disparaître, d’être immédiatement relogés. On peut dire que ce n’est jamais le moment, mais on observe aujourd’hui une carence de logements à loyers modérés.

Emploi : La ZFU est une solution, mais il faut assumer clairement la dénonciation de toutes les discriminations. Ce sont des instruments qui, comme le GPV, ne doivent pas être dévoyés. Il s’agit en premier lieu de l’emploi des quartiers les plus en précarité. La Mairie doit contrôler l’impartialité de ces contrats et développer les services de proximité dont ces quartiers ont tant besoin. Dans certains quartiers, le chômage est 4 fois supérieur à la moyenne nationale. On mesure l’objectif sur une mandature : on peut essayer de réduire ce ratio terrible de moitié. Il faut redonner le sens de l’effort aux uns et aux autres.

Education : Dans le cadre scolaire, mais surtout périscolaire, la municipalité peut mener des actions. Il faudra aussi amener l’enfant, l’adolescent dans l’après-lycée, pour que ceux qui souhaitent poursuivre leurs études soient aidés par des bourses municipales sur des critères à définir, lorsque leur origine, leur quartier parfois les stigmatisent.

François Simon

Education : Redonnons aux associations les budgets qu’elles avaient avant. Il faut aussi les pérenniser. Il faut également s’attacher aux compétences de soutien scolaire et redéfinir le principe de la carte scolaire en sectorisant différemment afin de renforcer la mixité sociale.

Emploi : Il y a un grand sentiment de ségrégation et d’injustice qui va en s’aggravant. Les 15% d’emplois créés par les entreprises ont beaucoup profité à ces entreprises. Ces quelques emplois créés ont représenté une exonération de 100% de l’impôt sur les bénéfices, de l’ensemble des cotisations patronales. En revanche, quand on demande aux services administratifs combien coûte un de ces emplois, aucun ne le dit. Ce dispositif profite à quelques-uns et bien peu aux gens des quartiers. On pourrait aussi inciter les gens des quartiers populaires à travailler sur l’ensemble de la ville et la mixité sociale se fera certainement bien plus vite que sur la question des logements.

Logement : Il faut remettre à plat le GPV. A Toulouse, le nombre de logements sociaux diminue en nombre. La spéculation immobilière fait que l’on construit beaucoup à Toulouse et plus de logements non-sociaux que de logements sociaux. Ne plus détruire un seul logement social tant que son équivalent n’a pas été construit.

Sécurité : Que veut être la maire par rapport à la sécurité ? Le seul choix du Maire devrait être celui de la prévention avec en amont les éducateurs de rue, les agents de médiation. Si on reconstruit de la paix sociale, on peut y arriver. Je pense que la police de proximité détruite au niveau national doit reprendre sa place.

Myriam Martin

, tête de liste « Debout Toulouse », présente dans l’assistance a pris la parole, elle a tout d’abord protesté contre le fait qu’elle n’était pas invitée à la tribune, Elle a pu toutefois s’ exprimer sur les thèmes proposés par les quatre autres candidats :

Logement : C’est un droit. Il faut faire cesser la spéculation immobilière et exercer une vraie politique de préemption.

Emploi : Il faut supprimer la ZFU, car elle ne créé pas d’emploi, mais il faut s’attaquer au problème de la discrimination à l’embauche.

Education : Il faut s’opposer aux fermetures de classes et défendre un vrai service public d’éducation.

Sécurité : Il faut arrêter la discrimination et embaucher des travailleurs sociaux.

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