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[ Dossier ] Travail précaire, vie en miettes.

Article proposé le jeudi 3 juillet 2008, par Dominique Dath


D’un côté les sanctions contre les chômeurs qui se multiplient, de l’autre la valeur travail qui s’effrite : petits boulots mal payés, harcèlement moral, menace sur les travailleurs sans papiers… Pour une partie de plus en plus grande de la population active le travail ce n’est pas la santé. « La vie est précaire, l’amour est précaire, pourquoi le travail ne le serait-il pas ? » demandait Laurence Parisot, patronne du Medef. Mais quand le
travail devient précaire et aléatoire c’est toute la vie qui part en miettes. Et la société qui se
désagrège. Enquête.

Chômeur = fainéant

Si tout chômeur est un salarié potentiel, tout salarié est aussi un chômeur putatif. Quelle que soit sa nature, sa durée, son volume
horaire, un emploi est un emploi. Et le chômeur qui le refuse un fainéant. C’est du moins ce qu’on essaye de nous faire croire.

Fin 2000, l’UNEDIC, excédentaire, propose un meilleur accompagnement des chômeurs.
Un contrat, le PARE permet à ses signataires de bénéficier d’allocations non dégressives en échange d’une recherche active s’emploi.
Fin 2003, les caisses sont vides et l’UNEDIC décide unilatéralement de réduire la durée d’indemnisation sur laquelle elle s’était engagée. Des collectifs de chômeurs et la CGT portent plainte pour rupture de contrat. En mai 2004 plus de 800 000 « recalculés » sont réintégrés dans le dispositif.

La carotte économique du Pare n’ayant pas donné les effets escomptés, c’est la politique du bâton qui va progressivement se mettre en place. Première étape avec le plan Borloo de 2006 qui imagine un éventail de sanctions « moins dures » que la radiation définitive.
A partir du 1er janvier 2007 le demandeurs d’emploi sont suivis individuellement et mensuellement par un agent ANPE référent.
S’ils ne coopèrent pas assez, ils seront sanctionnés. L’absence à un entretien entraîne deux mois de suspension d’Assedic ; le refus d’une prestation ( bilan de compétences, objectif projet ) « coûte » 15 jours. Et l’insuffisance de recherche d’emploi (qui n’a toujours pas été précisément définie) entraîne également 15 jours de radiation.
Nouvelle étape en 2008 avec la recherche d’une définition de l’offre valable d’emploi (OVE), le nouveau sésame, qui va ramener tous les « fainéants » au travail. « Les syndicats ne sont pas d’accord avec les propositions du gouvernement, explique Marie Lacoste, directrice de la Maison des chômeurs Avenir. Toutefois une piste se dessine. Jusqu’à 6 mois de chômage, l’OVE correspondrait à moins de 30 km ou 2 heures de transport par jour et 90 % de l’ancien salaire. »

« Entre 6 mois et 1 an, les conditions de transport sont les mêmes avec 75% de l’ancien salaire. Après un an, des conditions de transport identiques et un salaire supérieur aux indemnités ASSEDIC. Or, retravailler coûte aussi de l’argent en transport et en garde d’enfants. De plus c’est le flou artistique sur le niveau de formation ou l’expérience professionnelle. Certains métiers sont sinistrés, il faudra élargir son champ de recherche d’emploi et au bout de 6 mois de recherches infructueuses, accepter un CDD dans un autre métier. »
Marie constate une perte de confiance des chômeurs dans le service public de l’emploi. « Quand la pression du système est trop forte, les réactions peuvent être violentes. Avec le nouveau système, un agent doit recevoir entre 120 et 180 demandeurs d’emploi, collecter des offres, répondre aux candidatures, assurer une permanence téléphonique. La situation se complique donc aussi pour les agents. Les nouveaux agents ont une approche plus commerciale que sociale de la recherche d’emploi, ils travaillent en flux tendu, gèrent les stocks de chômeurs ».

Le « guichet unique » Anpe-Assedic promis pour janvier 2009 devrait rendre le service de l’emploi plus performant, mais pour qui ? Face à toutes ces pressions et ces questions, les associations de chômeurs se mobilisent pour informer les chômeurs sur leurs droits. Des associations qui ont mené et mèneront encore des actions devant les agences ANPE. Devant l’individualisation des problèmes la réponse ne peut être que collective.

Dominique DATH

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