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Lecture libertaire de l’idée démocratique

Article proposé le vendredi 7 novembre 2008, par Jean Marc Izrine


L’antique Athènes fut la première cité à pratiquer la démocratie directe en portant sur l’Agora les débats qui traversaient la société athénienne. C’était le lieu d’élaboration de la Cité. Seuls les citoyens libres avaient le droit de décision et d’expression, les femmes et les esclaves en étaient exclus. La démocratie grecque est, malgré cela, la référence historique la plus aboutie. Les philosophes des lumières et les révolutionnaires de 1789 se sont largement inspirés de ce modèle, pour créer les bases de notre république moderne.

Cependant, de vives critiques à ce type de fonctionnement politique se sont fait jour car les intérêts de pouvoir, sous couvert que le peuple doit être dirigé par l’élite « intelligente », ont mené à la mise en place de notre démocratie moderne basée sur la délégation de pouvoir avec des candidats élus sur un temps défini, mais aussi à la concentration du pouvoir politique dans les mains d’une caste politicienne le plus souvent alliée aux intérêts des riches, plutôt qu’à l’écoute des couches populaires. A contrario, des courants issus de mouvements populaires contestataires ont mis en théorie les pratiques de la démocratie directe et de l’autogestion, (assemblées générales souveraines, mandats suivant la compétence et révocable à tout instant, coordination horizontale) qui ont ponctué les mouvements sociaux et les périodes révolutionnaires telles que la commune de Paris, les premières années de la révolution russe de 1917 ou l’Espagne révolutionnaire de 1936. Les libertaires sont les principaux théoriciens et acteurs politiques de ces mouvements car ils sont convaincus que chaque individu est au centre de l’initiative collective. L’égalité sociale et le droit à l’éducation pour tous restent un principe fondamental du bon fonctionnement de la démocratie directe.

Au travers des âges, la construction d’Etats centraux, écrasant toute velléité d’autonomie des populations, s’est substituée au mode de gestion démocratique de l’Athènes antique. La démocratie directe s’est alors transformée au fil du temps en contre pouvoir.

Le mouvement alter mondialiste a donné naissance à un nouveau concept : celui de la démocratie participative élaborée initialement à partir de l’expérience de Porto Allegre au Brésil. L’expérience innovante de cette ville brésilienne tient dans le fait que la municipalité a mis en délibéré, dans les quartier, un budget participatif. Ainsi, les habitant-e-s décident eux-mêmes des priorités à développer pour le bien être collectif. Dans le même temps, la Mairie met à disposition un certain nombre de technicien-ne-s et d’animateur-trice-s en capacité d’organiser la tenue régulière de conseils de quartiers permettant des prises de décisions collectives.

En France, le mode de gestion libéral impulsé par l’Etat, ainsi qu’une perte de confiance envers la démocratie représentative, ont entraîné une désaffection du citoyen électeur. Ceux et celles-ci se sentent de moins en moins représentés par leurs élu-e-s. De nombreux élu-e-s ont la volonté de rétablir le dialogue avec l’habitant, cherchant à rapprocher le citoyen des institutions étatiques. Mais beaucoup d’entre eux cherchent au moyen de réseaux d’influence et du clientélisme à rétablir leur autorité souvent mise à mal par les intérêts contradictoires du quotidien vécu par les habitants.

Ceci incite à se rapprocher des thèses libertaires qui appellent au développement autonome de l’organisation et de la parole des habitants, ainsi qu’à la création de comités de quartier indépendants des institutions.

Cette relation entre pouvoir et contre pouvoir , certes, incite à la confrontation [1] mais la démocratie participative peut-elle passer par une autre voie étant donné l’autisme qui caractérise les responsables institutionnels.

Notes

[1La confrontation n’est pas l’affrontement qui contient l’idée de violence.

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