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OUVRIERS GENS D’ICI

Article proposé le jeudi 24 avril 2014


Avoir un projet sur la ville et son organisation, c’est prendre en compte la vie des gens, dans le respect de chacun.

1) Il y a de nombreuses familles et personnes non logées ou mal logées à Toulouse, ce n’est pas là un fait très nouveau si ce n’est que cela touche de plus en plus de gens. Des évènements récents ont braqué les projecteurs sur ces situations : l’expulsion par la police des gens (familles et individus) qui occupaient un immeuble vide en ville (à l’initiative du CREA), situations des Roms obligés de vivre en camp de fortune (bords de Garonne etc…) et destructions de ces campements partout en France remettant les gens à la rue, sans rien et dans une précarité plus grande encore.

2) A Toulouse, depuis plusieurs années maintenant, la Mairie, l’Etat, le Conseil Général, ont mis en place ce qu’ils appellent le GPV (Grand Projet de Ville). Ce projet a été présenté au départ comme une amélioration pour les habitants, de la vie en ville, du cadre de vie, pour apporter de la “mixité sociale” etc… Quelques années plus tard qu’en est-il ?
Des centaines de logement en très bon état, spacieux et avec le confort moderne ont été détruits. Peu de reconstruction sur place ont eu lieu. Des logements, eux aussi en bon état, sont encore promis à la destruction prochainement.
Et les gens dans tout ça ? ce que devient le béton, c’est une chose, mais la vie des gens c’en est une autre. Peu de choses sont dites là-dessus, aucun bilan de ce que les habitants concernés pensent et veulent n’est proposé.
Quand on connaît le manque de logements sur la ville, c’est une aberration et un mépris affiché de la vie des gens de continuer ces destructions !

3) Ce que nous savons : des habitants qui au début sont partis contents de la Reynerie par exemple, sont aujourd’hui demandeurs pour revenir sur le quartier, ou sont déjà revenus aux alentours. Des personnes qui habitent des immeubles prévus à la destruction ne veulent pas partir, ou alors veulent être relogées sur place, d’autres dont les immeubles ne sont pas encore prévus à la destruction se plaignent d’augmentations importantes des charges, ce qui les pousseraient à partir du quartier d’eux mêmes. Ceux qui ont été relogés plus loin se plaignent des loyers qui augmentent et ne correspondent plus à ce qu’ils payaient avant…

4) Pourquoi cette situation où des gens veulent revenir ou ne veulent plus partir ? Dans les discussions que nous avons, des personnes concernées disent que partir, leur fait perdre leurs repères, qu’ils sont comme étrangers dans les nouveaux quartiers, qu’ils n’y retrouvent pas leur vie sociale et leur histoire construites après des années de vie ensemble dans un quartier, et que les problèmes qu’ils ont cru éviter les rattrapent : difficulté scolaire des enfants, vie difficile, délinquance…
Pour parler de cette situation, une amie dit : “on nous prend notre histoire, c’est comme si on voulait nous faire accepter qu’on ne sera jamais d’ici”. Un monsieur du quartier dit “pendant longtemps j’ai eu honte de dire que j’habitais à la Reynerie, maintenant on veut que je sois de nulle part”.
Si on y regarde de plus près, la destruction des campements de Roms avec toutes leurs affaires personnelles, c’est pareil en plus violent : c’est clairement pour leur signifier aussi qu’ils n’ont rien à faire ici, qu’ils ne comptent pas, que leur vie c’est zéro pour l’état et la société.

5) Bien sûr, tout le monde a bien compris maintenant que le GPV au Mirail, à Empalot et ailleurs, c’est fait pour éloigner les plus pauvres de la ville : ces terrains valent aujourd’hui des fortunes pour les projets immobiliers. Comme le dit une femme du quartier pour parler des destructions du GPV au Mirail “on vit sur une mine d’or, on ne le savait pas, mais on ne partira pas !”.

Et puis on a bien vu aussi que sur place, là où on est, où on vit, on peut modifier des choses. Il y a quelques années, le discours général c’était de dire “le quartier est pourri, il n’y a rien à faire, il faut le fuir”. Aujourd’hui, le bilan des batailles comme celles sur les écoles à Reynerie pour défendre les enfants, ou celle pour arrêter l’encerclement du quartier par les CRS (qui ne faisait que provoquer une guerre entre police et jeunes), montre bien qu’en prenant ces points en main, on peut transformer la situation, le réel, pour tous.

6) Discutons de ces points : le logement n’est pas qu’une affaire individuelle surtout quand on voit que la ville devient de plus en plus réservée, pensée et organisée pour les plus riches, et quand les “décideurs” prévoient où nous devons vivre et comment !

  • Aucune famille ou individu ne doit être laissé à la rue !
  • Aucune famille ou individu ne doit être déplacé de son quartier si ce n’est pas son choix !
  • Aucun “logement de fortune” ne doit être détruit si c’est pour laisser les gens à la rue !
  • Aucune personne, quel que soit son mode de vie, ne doit être mise à la rue !
  • Les logements viables ne doivent plus être détruits comme ils le sont avec le GPV tant qu’il manque des logements sur Toulouse !
  • Parler de la ville et de son organisation, c’est parler des gens et de leur vie, dans le respect de chacun, et non parler du béton ou parler pour quelques uns !
Texte collectif, issu de réunions de travail

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