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Repas-débat jeudi 6/11/2003 à TO7

« Dernières nouvelles de la Françafrique »

Article proposé le lundi 3 novembre 2003, par Christian


"Dossier de Présentation
« Dernières nouvelles de la Françafrique »

I. Françafrique

Adj. et n. Connexion permanente avec la « politique du ventre » que la France a contribué à instaurer en maints pays d’Afrique et de l’Océan Indien. Liaisons dangereuses remises en cause de tous côté, beaucoup médiatisées grâce à une campagne vigoureuse menée par l’association française Survie et par son président, François Xavier-Verschaves, auteur lui-même de nombreux travaux sur le sujet, dont La Françafrique, ouvrage paru chez Stock en 1998.

« Ce que nous démontrons c’est qu’à partir du tournant des années soixante, un système a été mis en place pour continuer à opprimer les pays africains qui venaient d’accéder à leur indépendance vis-à-vis de la France. Ce système est constitué par des réseaux qui ont été développés et entretenus pour continuer comme avant. C’est la suite de la colonisation qui se poursuit sous d’autres modes. Or, le système de la colonisation était quand même bel et bien le système d’appropriation des richesses de l’Afrique par des étrangers. Et on a toujours continué, en s’alliant avec un certain nombre de responsables africains : ce sont les amis de la France… Dans la Françafrique il y a eu un processus de sélection des chefs d’Etat : par la guerre comme au Cameroun, par l’élimination comme au Togo ou en Centrafrique, ou encore par la fraude électorale… » Extrait d’une interview accordée par le même François-Xavier Verschaves au website amnistia.net.

II. Historique du projet.

Jean-Luc Raharimanana est né à Madagascar. En 1989, il est contraint de s’exiler et de poursuivre sa carrière de romancier, nouvelliste, poète en France. Un exil qui lui permettra de prendre conscience de l’ampleur des désastres de la politique françafricaine. Mais pendant lequel il n’oubliera jamais Madagascar qui reste le personnage principal de son oeuvre. Il suffit de relire son dernier roman, Nour, 1947 (Ed. Le serpent à plumes).
En France, il rencontre un journaliste à l’histoire tout aussi riche, Soeuf Elbadawi, Comorien, Journaliste indépendant et collaborateur d’Africultures. Pour eux, l’engagement politique, que ce soit à travers leur condition d’auteur ou de journaliste, est plus qu’une évidence, une nécessité.
C’est de là que naît l’idée d’un recueil de nouvelles d’auteurs africains sur la Françafrique (Cf. Avant-propos du recueil en annexe). Ils demandent à leurs amis, auteurs africains, connus, reconnus ou pas encore, d’écrire une nouvelle littéraire, pas un brûlot militant, qui aborderait la question de la Françafrique depuis leur pays.
Deux ans plus tard, malgré des refus et des difficultés, quatorze écrivains ont rendu leur copie. Quatorze points de vue aussi originaux que différents dressent un portrait saisissant de la Françafrique.

III. Présentation du projet.

L’idée du recueil de nouvelles est née d’un constat de Jean-Luc et Soeuf : « On a très peu entendu les nouveaux auteurs africains s’exprimer sur la situation du continent noir. Les a-t-on entendus pourfendre les noires complicités des dirigeants de leurs pays et de certains lobby occidentaux ? ». Dès lors, il était nécessaire d’amener les écrivains à briser le silence et ainsi à « ranimer avec d’autres le feu d’un discours des Africains sur l’Afrique ».

Aujourd’hui, le recueil existe. Quatorze auteurs ont accepté de prendre la plume et de témoigner, à travers leur art, de la réalité de la Françafrique. C’est un début. Il faut maintenant susciter le débat autour du recueil, amener d’autres auteurs ou artistes à entrer dans le débat, en s’exprimant ou, pourquoi pas, en expliquant les raisons qui les poussent à refuser de témoigner sur ces relations douteuses entre la France et l’Afrique.

Mais évidemment le débat ne doit pas se confiner aux cercles plus ou moins larges du milieu culturel et artistique car il concerne tout le monde, ceux qui sont d’origine africaine comme ceux qui travaillent en partenariat avec l’Afrique. D’où l’idée d’accompagner la parution du recueil par « une dynamique », c’est-à-dire tout une série d’événements (soirée-débat, conférence, etc.), au niveau national mais surtout local . « Prétexte pour rétablir également le lien avec ces forces vives qui, au quotidien et sans répit, travaillent pour le développement de nos pays, en évitant l’imposture et le mensonge porté par nos dictateurs et nos soi-disant démocrates gouvernants. », selon Jean-Luc et Soeuf.

Cette dynamique est en train de se mettre en place, en prévision de la sortie du livre à l’automne prochain , avec le concours de l’association Survie, du CRID, de l’organisation Agir Ici, de l’AITEC, de la librairie Folies d’Encres à Saint-Denis dans le département de la Seine St-Denis et de l’association Le Renard Pâle à Paris. Une forme de partenariat entre le milieu littéraire et artistique et le milieu de la solidarité internationale prend ainsi forme avec ce projet, dont l’équipe coordinatrice, cherche à prendre langue actuellement avec des éditeurs.

AVANT-PROPOS

Afrique et littérature : l’on magnifie la parole de ses sages, de ses ancêtres, de ses griots. Afrique et culture : millénaire, source de toutes les civilisations.

Mais Afrique…

Famines. Pauvretés. Misères. Guerres et massacres. Que de morts, que de sang.

Afrique et littérature : la voix de Senghor, la voix de Tchicaya U’Tamsi, la voix de Sony Labou Tansi, la voix de William Sassine, la voix de Mongo Beti, la voix de Kateb Yacine. Négritude ou engagement littéraire. Quand les auteurs prenaient la parole pour s’opposer aux dictateurs.

Mais Senghor n’est plus. Tchicaya. Sony. Sassine. Mongo Beti. Kateb. L’on a décrété que la négritude est morte ; morte d’avoir triomphé. L’on a décrété qu’engagement n’est plus littérature, que l’auteur n’a plus à supporter la douleur de son pays. Mais les dictateurs sont toujours là. Soutenus par de puissants alliés : riches gouvernements ou banques internationales, pétroliers, marchands d’armes, trafiquants de toutes sortes.

Les noms des pays s’égrènent comme autant de douleurs : Somalie. Tchad. Rwanda. Burundi. Congo. Sierra Léone. Côte d’Ivoire maintenant. A qui le tour ? La nouvelle génération des auteurs africains ne semble pourtant pas concernée malgré la Moisson de crânes de A.A.Waberi, malgré l’Aîné des orphelins de Tierno Monenembo, malgré l’aventure écrire par devoir de mémoire entreprise sous parrainage du Fest’africa par dix auteurs sur le génocide rwandais, fait sans précédent dans l’histoire de la littérature mondiale.

Un discours s’installe pourtant : être auteur avant tout, être écrivain. Avec ses désirs particuliers. Avec ses histoires personnelles. En oubliant la Négritude. En restant Homme-écrivant tout simplement. Atlas est crucifié.. Narcisse glorifié. Soif de reconnaissance littéraire. Légitime dirions-nous mais comment se taire quand tant de morts passés et à venir nous interpellent ?

Très peu. On a très peu entendu les nouveaux auteurs africains s’exprimer sur la situation du continent noir. Les a-t-on entendus pourfendre les noires complicités des dirigeants de leurs pays et de certains lobby occidentaux ? La Françafrique existe bel et bien et il a fallu attendre un français, François-Xavier Verschave, pour imposer le terme et poser la polémique.

Partants de ce constat, nous avons trouvé insupportable qu’un tel silence se prolonge davantage. Nous avons donc proposé à un certain nombre d’auteurs d’écrire sur cette relation trouble de la Françafrique qui a causé tant de dégâts dans leurs pays respectifs. Il y a eu de l’enthousiasme. Il y a eu des hésitations. Il y a eu des refus. Mais il y a surtout eu ce recueil où une dizaine d’auteurs se livrent à une découpe en règle du mécanisme françafricain à travers un art consommé de la nouvelle.

Il nous reste maintenant à trouver une suite à ce projet. Car ce livre n’est qu’un prétexte en réalité. Prétexte pour ranimer avec d’autres le feu d’un discours des Africains sur l’Afrique. Prétexte pour rétablir également le lien avec ces forces vives qui, au quotidien et sans répit, travaillent pour le développement de nos pays, en évitant l’imposture et le mensonge porté par nos dictateurs et nos soi-disant démocrates gouvernants.

Des lecteurs, nous en espérons en nombre. Nous en rêvons même pour ainsi dire. Mais des lecteurs avertis et aussi engagés que la parole des auteurs ici présente. Nous voulons aller à la rencontre de lecteurs agissants, avec qui nous pourrions tisser le rêve d’une autre Afrique, où la scène politique ne demeurerait plus la seule propriété de ceux qui font son malheur.

Raharimanana/ Soeuf Elbadawi,
écrivains-journalistes.« L’ouvrage paraît aux éditions »Vents d’ailleurs".
En fin d’après-midi, ce jeudi, Jean-Luc Raharimanana sera présent à la librairie Privat à Toulouse.

Nous vous espérons pour ce jeudi midi, à TO7, la tradition d’un repas partagé sera respectée.
Amitiés.
A jeudi :) !

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