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Il faut le travail, il faut le courage, il faut la confiance.

Article proposé le jeudi 14 octobre 2004, par Mohamed


Je travaille dans le bâtiment, je suis maçon. Je suis sans-papiers, je travaille avec beaucoup de sans-papiers comme moi, des manœuvres et des maçons.

Des gens courent après les papiers Les célibataires surtout, qui choisissent de rechercher le mariage. Je leur dis toujours de venir au collectif, c’est la meilleure solution. Le mariage c’est pas une solution pour gagner les papiers. : après il y a la femme, les enfants, ils souffrent. La première chose à regarder, c’est la vie.

  • Le travail :

Il faut travailler. Ce n’est pas en 1 ou 2 ans qu’on gagne. Il faut beaucoup de travail, 5, 6, 7 ans… et le résultat va arriver. Je crois qu’il n’y a pas d’autre solution que de se battre.

Au rassemblement, il y a des français qui travaillent pour les sans-papiers et les sans-papiers eux-mêmes ne travailleraient pas ! Beaucoup de gens, des arabes, des africains, des français travaillent ensemble au Rassemblement. On réfléchit pour choisir une solution.
Tout le monde travaille, pas 2 ou 3. On n’est pas comme la CGT : l’an dernier par exemple, ils ont dit aux gens de s’inscrire sur les listes pour avoir les papiers. Pas besoin de travailler.
Mais regarde, la CGT maintenant, c’est fini. C’est le collectif qui reste, qui travaille, qui travaille.

Il faut toujours intervenir, comme on fait à la place de la Reynerie, à Bellefontaine, à Arnaud-Bernard. Comme ça les gens regardent, voient les tracts, ils nous voient toujours là. Beaucoup sont indécis. Certains disent que ça ne sert à rien, mais certains entrent avec nous au Rassemblement.
Au bout d’un moment il y en a qui partent, mais d’autres commencent à travailler sans se décourager, pour le rassemblement et pour eux-mêmes. Chacun est libre au collectif.

  • Le courage :

Les idées, il faut les faire vivre. Les manifestations, c’est important. Il faut choisir le moment de la manif pour gagner beaucoup de gens, montrer notre force.
Chacun de nous doit amener 3 ou 4 autres à la manif leur dire de regarder, d’écouter. Beaucoup ont peur de la police. Je peux dire que dans la manif, la police est un copain pour nous !
Il faut toujours travailler bien, avec courage, et réfléchir avant de faire les choses.
La vie est dure, le travail est dur. On est fatigué. Moi par exemple, je suis fatigué souvent. Je peux le dire au collectif, mais je ne vais pas le dire sur la place pour décourager les autres.
Dans le collectif, il y a des femmes sans-papiers, certaines avec leurs gamins. C’est très dur pour elles : il y a les problèmes du logement, les problèmes des enfants… Mais elles sont là, elles ne se découragent pas.

  • La confiance :

Nous sommes des gens. Parfois nous faisons des fautes. Si on se trompe, on corrige.
Il faut toujours dire la vérité. Sinon, il n’y a pas de confiance.

Entre nous les sans-papiers, les amis des sans papiers, on se donne des idées, des conseils. Il y a de l’entraide entre nous. Chacun doit travailler pour être en confiance avec les autres.

  • On se bat pour les droits pour tous.

Nous on travaille sans les droits, pendant plusieurs années. Si tu travailles la journée, tu gagnes la journée, si tu ne travailles pas, tu ne gagnes rien Ce n’est pas comme d’être payé au mois. Pourtant on fait beaucoup de chantiers, on construit beaucoup de villas. Mais on n’a pas les droits de notre travail. Si on a un accident de travail, si on est malade, on n’a rien, c’est comme si on n’avait jamais travaillé, construit tout ça.
Par exemple, quand il y a eu la catastrophe d’AZF, beaucoup d’ouvriers sans-papiers ont été touchés : certains qui travaillaient à côté ont été traumatisés, plusieurs maintenant, ont des problèmes aux oreilles, etc… . Mais pour eux, pas d’indemnité, rien, ils n’ont pas été pris en compte. Pourtant ils ont été blessés comme les autres.

Ca n’est pas normal. Il faut les droits des ouvriers.

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