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Le temps de la crise

Article proposé le mercredi 9 juillet 2014


Il est rare de rencontrer une personne qui veuille être malade, au chômage, mal logée, en difficultés sociales. Toutes ces difficultés sociales sont souvent vécues comme un temps de crise avec des remises en questions de l’image de soi, de la relation avec les autres, familles - amis, de la relation à son corps, de sa place avec impossibilité de se projeter dans l’avenir…
Tout ce qui constituait l’équilibre de la vie est remis en question, un bouleversement, une crise dont on ne connaît pas l’issue…
M. Ribstein, qui était psychiatre à Montpellier utilisait pour illustrer la notion de crise l’image du Jeu de Lego. Dans ce jeux pour enfants, chaque pièce représentant un élément de notre vie, de notre histoire. Surgit un événement qui, parce qu’il est difficilement intégrable, ne trouve pas sa place dans la construction. Pourtant intégrer cette nouvelle expérience, souvent douloureuse pour la personne, est indispensable pour se reconstruire. C’est le temps de la crise.

Pour reprendre cette image je dirais que l’être humain se construit à partir des pièces soit « héritées » (le langage par exemple) soit « vécues » (toutes les expériences de notre vie).
Il donne une forme à une pièce globale avec tout ses légos (le sens qu’il donne à sa vie) en y intégrant l’ensemble des pièces, plus ou moins apparentes, plus ou moins importantes dans la construction globale. Le temps de la crise est le moment de la destruction de l’assemblage où il va falloir ré-agencer les pièces du légo pour leur donner une nouvelle forme globale qui inclue l’échec, la souffrance, la finitude mais aussi l’espérance, la projection, …
Dans cette crise, « le récit de soi » permet à la personne de se raconter et la façon dont elle va se raconter permettra, un travail intérieur de synthèse. C’est à partir du « récit d’elle-même » qu’une personne se reconstruit.
Un tiers extérieur permet une liberté pour cette expression et permet aussi des essais d’interprétation sur le sens de ce qui lui arrive.
Cela peut permettre à la personne de trouver un autre espace où elle n’est pas seulement un objet d’une mésaventure mais où elle peut se retrouver comme personne dans sa globalité, et surtout comme sujet.
Il s’agit de laisser advenir la parole de la personne en crise, lui permettre de relire son existence, lui permettre d’exprimer ses expériences des ruptures, le besoin de se libérer de sa culpabilité, lui permettre d’exprimer ses besoins de réconciliation…
Le philosophe Paul Ricoeur a développé dans plusieurs ouvrage le rapport entre l’identité de la personne, le récit et le temps, une seule citation explique bien l’enjeu.·« …Le récit construit le caractère durable d’un personnage, qu’on peut appeler son identité narrative. »

  • dans « L’identité narrative, La narration », 1988.

Ainsi, jour après jour, nous pouvons rencontrer des personnes en crise. Des personnes confrontées à des événements qui les déstructurent. Et patiemment, petitement, nous pouvons essayer de nous mettre simplement à leur écoute afin que par et dans le récit des crises rencontrées, elles puissent se dire et se construire à nouveau.

Thierry Faye

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