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La France, Pays de tous ceux qui l’habitent

Contre la politique de « l’ennemi intérieur » politique guerrière, brutale et méprisante du gouvernement

Article proposé le mardi 15 novembre 2005, par Jean-Louis


Contre la politique de «  l’ennemi intérieur  » politique guerrière, brutale et méprisante du gouvernement,
Faisons la politique de

« la France, pays de tous ceux qui l’habitent !

qui est ici, est d’ici !

le pays réel, c’est tous ceux qui sont là ! »

Sur quelle politique va se fonder le pays pour les années qui viennent ? En grande partie sur le bilan de ce qui se passe ; sur ce que chacun va en tirer, sur ce que chacun va vouloir faire avancer.
Pour notre part, nous proposons les points suivants à la réflexion de quiconque cherche à dépasser l’anecdote et le sensationnalisme, et veut comprendre et agir.

1- Depuis des années, les divers gouvernements, de gauche comme de droite, se sont engagés plus ou moins résolument dans une politique de réformes qui visent toutes à transformer radicalement la nature de l’état français : en France, l’état de la 5ème république était un état régulateur social (certains parlent d’un « état-providence »), garant d’un bien-être minimum pour tous (l’éducation, l’accès aux soins, l’accès au logement, aux transports, à l’énergie, le SMIC, la retraite, les minima sociaux, etc.).
On nous le dit, on nous le répète depuis plus de 10 ans maintenant, cette conception là serait dépassée : le rôle de l’état n’est plus d’assurer à tous un minimum mais simplement de maintenir l’ordre et de faire en sorte que chacun dans le pays reste à la place qui lui est assignée (Voir à ce sujet les propos de Sarkozy du 10/11/05 sur la 2), et de faire accepter une politique de totale inégalité.

D’où l’abandon par l’état de tout ce qui n’est pas maintien de l’ordre : qu’il s’agisse de l’éducation, des hôpitaux et du droit à la santé, des droits du travail et des services publics en général.

2- Cette politique de l’état se manifeste dans la violence du gouvernement contre des millions de gens du pays. Violence économique contre les chômeurs, physique contre les mal logés expulsés par les CRS de leurs immeubles. Violence idéologique aussi, dans la volonté de ne pas compter tout le monde dans le pays, affichée par les lois et mesures qui visent à humilier, rabaisser, mettre à part des millions de gens.
Il s’agit à la fois de commencer à faire fonctionner un état dégagé de ses « obligations sociales », et en même temps de justifier idéologiquement cette politique, grâce à la thèse de « l’ennemi intérieur », que l’état doit surveiller et mater. La force policière brutale devient la seule réponse à ce que peuvent dire ou faire ces gens-là. L’état d’urgence et la militarisation de la situation permettent de franchir un pas supplémentaire dans cette voie.

Depuis des années, des campagnes politiques, à droite comme à gauche, relaient les thèses de le Pen, les adaptent, pour démontrer qu’au cœur du pays, au bord de ses villes existent des « ailleurs », peuplés de «  barbares » :
C’est Rocard, qui parle de « lieux criminogènes » pour désigner les quartiers populaires, c’est Chevènement :« les sauvageons », pour parler des jeunes des quartiers et Sarkozy : « la racaille ».
C’est les campagnes politiques pour nous expliquer que « ces gens-là sont différents », et que quelques jeunes filles qui portent le foulard «  vont ébranler la République  », Chirac fait même une loi contre cet immense danger !

C’est les pères et les mères, qui depuis des années, sont montrés du doigt comme des « étrangers à la réalité du pays », (Mauroy en 83 parlant des ouvriers de Citroën en grève) alors qu’ils sont une partie importante des ouvrières et des ouvriers de France.

Si on ne comprend pas ça, on ne peut pas comprendre pourquoi Sarkozy emploie de tels mots, et pourquoi il ne veut pas s’excuser. On ne peut pas comprendre pourquoi il parle d’expulsion alors qu’il a affaire à des français, ni pourquoi des députés envisagent une loi pour enlever la nationalité française ! (abjection jamais vue depuis 1942, période du pétainisme).

3 - Que faire contre cette politique guerrière ?
Tout d’abord, refuser les mots, les noms, que le gouvernement donne aux gens et aux lieux qu’ils habitent. Ayons nos propres mots, nos propres noms pour dire les choses.
Cessons de parler de « banlieues », de « quartiers sensibles » . Parlons plutôt des quartiers populaires de la France d’aujourd’hui pour dire la réalité du point de vue des habitants :
Quartiers : ça veut dire, un lieu dans la ville, un de ses éléments, pas un morceau rapporté.

Populaires : parce que c’est là que vivent les familles ouvrières, les familles pauvres, comme les familles aisées se regroupent dans d’autres lieux, selon leurs moyens et leurs goûts communs..

de la France d’aujourd’hui, telle qu’elle est, avec les gens tels qu’ils sont, ceux qui ont un bon salaire, et ceux qui n’ont pas de salaire et pas de travail, ceux dont les parents ont émigré d’Auvergne, d’Ariège ou de Bretagne et ceux dont les parents ont émigré du Maghreb, d’Afrique ou d’Asie…

Pour nommer les habitants, n’utilisons pas les mots du gouvernement, ne parlons pas des « immigrés », des « étrangers ». Disons plutôt : « ouvriers », « gens pauvres » de France.
Quand on vit dans un pays, on n’est plus immigré, on est du pays ; même si on n’a pas la nationalité, on n’est pas étranger à ce qui s’y passe.
Les habitants des quartiers sont majoritairement des ouvriers, c’est à dire des gens qui participent ou ont participé à la construction du pays. Ils mènent une vie dure, n’ont pas un travail garanti, connaissent le chômage, la précarité. Les habitants des quartiers sont des familles pauvres. C’est la réalité.

Il faut aussi arrêter de parler des « enfants de l’immigration » ! Il n’y a pas d’enfants de l’immigration, il y a des enfants d’ouvriers, d’employés … qui sont collégiens, lycéens, étudiants, ouvriers, artistes, employés, patrons… comme partout.

Savoir se nommer dans la situation est essentiel : ce n’est plus le gouvernement qui va dire aux gens ce qu’ils doivent être, et comment ils doivent se comporter, mais c’est les gens eux-mêmes qui commencent à dire qui ils sont et ce qu’ils veulent, et là, chacun peut et doit être compté.

Certains habitants veulent renvoyer à Sarkozy l’image que Sarkozy attend d’eux (« racailles », « immigrés » ou « étrangers »), c’est là une impasse et un désastre, ils jouent le rôle que le gouvernement leur a assigné, celui de l’ « ennemi intérieur » tant attendu par Le Pen, et tant exploité par le gouvernement !

4 - Notre proposition politique c’est au contraire d’affirmer qui est ici, est d’ici ; le pays, c’est tous ceux qui sont là.
Toute loi, toute mesure, toute décision, doit se mesurer à cela : va-t-elle dans le sens de faire du pays le pays de tous ceux qui y vivent, ou va-t-elle dans le sens contraire ?
Il faut combattre toutes les lois et mesures discriminatoires (Par exemple, les lois Perben, qui ciblent les jeunes hommes des quartiers populaires, la loi sur le foulard contre les jeunes filles à l’école ou la loi des 10 ans contre les ouvriers sans-papiers) et demander leur abrogation.

Il faut exiger des lois et des réglementations qui donnent des signes forts que le gouvernement compte chacun dans le pays. Par exemple, un signe fort, qu’il faut imposer, c’est la régularisation par le travail de tous les ouvriers sans-papiers. Le respect des ouvriers, des habitants des quartiers populaires, de ceux qui ont une vie dure, commence sur un point de cette ampleur.

Les gens sont comme ils sont, ce qui est important, c’est qu’ils sont ici, que leur vie est ici !
Tous les gens qui vivent ici, qui travaillent ici, font le pays d’aujourd’hui.

On le voit, ce qui est en jeu, ce n’est pas « quelles réformes pour les quartiers », mais quelle politique faire pour amener de la justice, de l’égalité, contre les lois anti-ouvrières et anti-populaires du gouvernement.

5 - Une telle politique se fixe de transformer la situation, et de permettre de vivre en paix. Elle vise à construire un pays où chaque habitant compte, a égalité avec les autres.

Elle ne se fait pas pour les places, n’a pas pour enjeu les élections, ni pour cadre les partis. La preuve : on voit bien que pour les prochaines élections les campagnes de la « démocratie-parlementaire » vont porter sur « les ouvriers sans-papiers, les jeunes des quartiers, les gens d’origine étrangère … sont des barbares, des ennemis du pays », « comment tenir, punir, combattre cet ennemi intérieur » « comment enlever la nationalité française… »

Nous proposons une politique pour tous les gens du pays, faite par ceux qui le décident. Sur certains points, comme la bataille pour la régularisation des ouvriers sans-papiers, elle existe déjà et doit être renforcée, sur d’autres, elle est encore à impulser et inventer, mais elle est possible, et de toute façon nécessaire. La véritable démocratie dans le pays se joue sur ces points.

Nous proposons de s’organiser pour mener cette politique, pour faire la force de cette politique .
C’est à cela que nous invitons chacun à participer.

Ce texte, - fait par Brigitte, Jean-Louis et Marcel -, est proposé comme base de reflexion et d’action pour la prochaine réunion de « La France, Pays de tous ceux qui l’habitent ».
Réunion qui se tient Mercredi 16 Novembre à 18h00 à la Reynerie(lieu exact : 06-13-06-94-62) et à laquelle tout le monde est invité.
Contact mail : quartpop free.fr

Toulouse, le 12/11/2005

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