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Un « cercle de silence » sur la place du Capitole ?

Article proposé le mercredi 5 mars 2008, par Florence


Depuis le 30 octobre 2007, tous les derniers mardi du mois de 18 h 30 à 19 h 30, des frères franciscains invitent à se retrouver place du Capitole, en silence et en prière, pour dénoncer l’enfermement par le gouvernement dans des centres de rétention des personnes étrangères en situation irrégulière. Une trentaine de personnes au début. Ce signe touche les passants et, à travers les médias, de nombreux Toulousains… le « cercle du silence » s’élargit : le mardi 29 janvier 2008, il a réuni plus de 250 personnes.

Florence : D’où vient ce projet ?
Stéphane : Depuis longtemps nous sommes sensibilisés à la question des sans-papiers, par la Cimade, par les médias… Cela va trop loin ! Nous sommes engagés personnellement, mais comment agir ensemble ?
Frédéric-Marie : Nous avons pris le temps de réfléchir en communauté : écoute, confiance en l’autre, abandon de ses propres idées, pour arriver à une décision communautaire, portée par tous. Du Frère Alain, qui a une longue expérience de la non-violence, est née l’idée du cercle de silence : non pas un « coup médiatique » mais un signe inscrit dans la durée et la fidélité.

Florence : Quel est le sens de cette action ?
"Notre silence et notre prière veulent rejoindre les sans-papiers, ceux qui font la loi et ceux qui la font appliquer, ainsi que tous les acteurs que nous sommes chacun à notre échelle.
Saurons-nous trouver des solutions plus respectueuses de l’être humain et de tous ses besoins,
ceux des enfants notamment ?" (voir le site : http://www.franciscainstoulouse.fr/)
Stéphane : Nous avons un rôle de passeur. Nous mettons le centre de Cornebarrieu au milieu des Toulousains : « cela » se passe ici, aujourd’hui. Calmement, nous exprimons notre conviction : l’homme sans papier est au centre, nous sommes autour.
Frédéric-Marie : La prière et le silence sont portés par des personnes qui ont un visage, des gens concrets, exposés à un désaccord éventuel : le dialogue est possible. Le cercle porte une espérance : le silence de gens qui croient qu’ensemble on peut avancer vers des solutions.

Florence : Comment êtes-vous touchés par cette action ?
Frédéric-Marie : Je suis très touché par ceux qui s’arrêtent un peu, lisent les panneaux, restent un instant dans le cercle pour exprimer leur indignation alors qu’ils ne participeraient pas à une manifestation derrière des banderoles.
Une habitante d’Empalot nous a raconté la visite d’une voisine directement concernée presque en pleurs lorsque notre cercle de décembre est passé sur les ondes : « Il y a des gens ici qui pensent à nous »
Stéphane : Je suis touché par l’ouverture. Le cercle est ouvert à tous : des musulmans, des bouddhistes des athées y participent, des hommes, des femmes, des jeunes, des vieux, des handicapés… personne ne juge personne. Le cercle est ouvert sur la chaîne de tous ceux qui oeuvrent avec les sans-papiers, sur tous ceux qui ne comprennent pas ou ne veulent pas comprendre, ouvert sur la grandeur de l’homme qui cherche à dépasser sa peur de l’autre. Les gens qui viennent ou s’arrêtent ne sont pas des militants. Ils découvrent que les « sans-papiers » sont des personnes, des hommes des femmes qui travaillent, qui ont des enfants…

Stéphane : Nous faisons de la résistance par rapport à cette violence. 30000 personnes retenues, ce sont 30000 visages, 30000 histoires, 30000 déchirements, ce ne sont pas des chiffres mais des hommes, des femmes, des enfants…

Propos des frères Stéphane et Frédéric-Marie, recueillis par Florence Corpet.

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